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dimanche 3 mars 2019
Impression de Sylvie
Vendredi 26 janvier, date de notre premier master classe de bourrées de l'année 2018, est également la date du retour dans notre salle de Blanot.
Divers travaux ont été réalisés dans les locaux et à l’extérieur
où une rampe d’accessibilité pour les personnes handicapées a été installée. A
l’intérieur, les toilettes qui se trouvaient au fond de la salle ont été
supprimées et ré- installées à l’entrée de la salle. Toilettes plus spacieuses
avec un accès pour personnes à mobilité réduite.
Fort heureusement notre vieux parquet et le poêle à bois, des valeurs
sûres, n’ont pas été modifiés. Les vieux luminaires en forme de
« chapeaux » sont aussi restés, seules les ampoules ont été changées
apportant plus de lumière.
Et de la lumière il y en avait avec les sourires de Christian, notre
animateur de la soirée et de Jeanine, que nous avions grand plaisir à
retrouver. Christian nous a fait réviser une panoplie de bourrées (mardi soir,
Cassiopée, Aurore Sand, les Gauthiers à 8 et bien d’autres..), et il nous
a apporté du soleil en nous faisant découvrir la bourrée du tournesol.
(voir les vidéos).
Grâce à une galette gentiment apportée, un roi grand et fort a été
couronné, il a disparu quelques minutes car il cherchait les toilettes dans
leur ancien lieu de vie puis nous l’avons vu réapparaître « heureusement
l’envie n’était pas pressante » a-t-il confié aux personnes qui
regardaient la scène amusée avant de rejoindre les nouvelles latrines (sans
« e » pour les danseurs amateurs de jeux) !
Nous avons terminé tardivement par une gavotte à six (les plus mordus)
sur laquelle, une fois la musique terminée, nous avons continué de danser et
chantonner tous ensemble. Encore une belle soirée de danses, de rires et
d’amitié partagés !
Sylvie et Isa
Mes premiers pas en bal folk
Questions et
a priori
Je me
souviens de mon premier bal folk… je m’étais retrouvé là un peu par hasard car
je n’avais jamais dansé. J’étais surpris de voir des danses si nombreuses et si
différentes, en couple, en ligne, en grand cercle et bon nombre de danseurs de
tous âges qui les enchaînaient sans difficulté apparente. Moi, je ne voyais pas
l’intérêt, ni le plaisir que pouvaient procurer ces danses. J’avais le
sentiment qu’à la moindre tentative tous les regards seraient rivés sur moi
pour déceler mes maladresses. Mais finalement, je fus marqué par l’ambiance
conviviale et un lien particulier qui semblait unir les gens. Je comprenais
que, tout le monde n’était ici que pour partager en dansant et changer souvent
de partenaire. Je me suis dit que, somme toute, ces danseurs ont bien été
débutants un jour. Même les "experts" ne sont pas nés danseurs.
Alors, j’ai décidé de me lancer et de tenter les danses les plus simples.
Je
m’appliquais dans les branles. Même si, pour moi, «branle des cosses» ou «maitre
de maison», c’était du pareil au même, je m’accrochais dans la chaîne et
j’essayais de suivre le mouvement. Je sentais mes gestes crispés et saccadés,
n’arrivant pas à coordonner mes bras et mes pieds. J’avais l’impression de
courir après mes pas. Je regardais les autres danseurs pour copier leurs
mouvements. Je n’écoutais pas la musique tant j’étais concentré sur mes pieds
tout en comptant les temps de la danse. Je n’arrivais pas à faire de petits pas
et, sur certains rythmes effrénés, j’aurais parfois préféré sauter dans tous
les sens. Mais, ce n’était visiblement pas le style de la soirée et je pouvais
constater, sur bon nombre de visages, le plaisir à évoluer en souplesse. Quant
aux danses de couple, même la polka il ne fallait pas m’en parler. Je n’osais
inviter personne. Je ne faisais même pas de lien entre la mélodie et les pas.
Mais une jeune femme m’invita spontanément, je n’osais pas refuser. Impossible
pour moi de guider ma partenaire qui de toute façon, dansait mieux que moi.
J’essayais simplement de danser en même temps qu’elle.
Quelques
danses plus tard, à force de répéter les mêmes pas, ils devinrent plus
machinaux. Alors, dans les danses en chaîne, au lieu de fixer les pieds de mes
voisins, je regardais les musiciens et les visages souriants des danseurs.
Étant moins concentré, je pouvais sentir la musique et laisser mes pieds
deviner le mouvement. C’est alors que le lien entre la musique et les pas me
parut plus évident. « Tiens, c’est fou, ça devient plus facile quand on oublie
ses pieds ! ». Je pouvais vivre la danse de manière plus agréable, plus…
complète. Comme j’avais l’impression que « ça rentrait », je décidais d’inviter
une partenaire pour la prochaine danse de couple ! Ce fut une scottish. J’ai
demandé à une danseuse qui connaissait de jolies variations de me l’apprendre.
Elle a été géniale ! Au début, elle comptait les temps à mon oreille, répétant
toujours la même figure. Une fois le pas de base à peu près assimilé, elle m’a
guidé dans quelques variantes. Même si ce n’était pas évident de retomber
toujours sur le bon pied, je m’amusais davantage et je découvrais le lien qui
se tisse avec une cavalière le temps d’une danse. Vivement la prochaine fois !
J’ai
persévéré et, au fur et à mesure des bals et des danses, j’ai pris de
l’assurance et des automatismes se sont installés dans les pas. Je n’avais plus
l’impression que mes pieds récitaient une leçon. Mes mouvements devinrent plus
précis et plus souples. Je constatais que je progressais dans de nombreuses
danses, même si la mazurka restait un peu à la traîne. Parfois, dans un coin de
la salle, je demandais des explications à un danseur sur un pas plus difficile.
Ou alors, avant de me lancer dans la danse, j’écoutais la musique pour repérer
le rythme et placer le temps fort. Mon oreille s’affinait et je commençais à
savourer la subtilité des musiques traditionnelles. Le rythme de mes pas
collait enfin à celui de la musique. Un soir, lors d’un rond de Saint-Vincent,
j’ai remarqué quelque chose de nouveau : l’incroyable unité que forment les
danseurs entre-eux, voire même les danseurs avec les musiciens. Quelle osmose !
J’ai également constaté qu’un danseur tout emmêlé regardait mes pieds - tiens,
ne serais-je donc plus débutant ? - et, à la valse suivante, ce fut une
cavalière qui connaît même la polska qui m’a invité et j’étais loin d’être le
dernier garçon disponible ! Je découvrais maintenant le plaisir d’essayer des
danses plus techniques ou plus occasionnelles, comme : les bourrées à figures,
l’avant-deux ou les sauts béarnais. Il y avait encore tellement à découvrir
dans ce répertoire, tant pour les musiques que pour les danses et leurs
contextes. J’allais au bal pour profiter de la musique en dansant parfois «à
l’économie» pour tenir jusqu’au bout de la nuit. J’appréciais cette conception
de la fête, l’aspect fédérateur des danses qui induit le passage d’un mode de
vie individualiste vers le partage.
Je me suis
perfectionné grâce aux ateliers et stages de danse traditionnelle. Les
explications m’ont aidé à danser juste, à maîtriser certaines subtilités et à
vaincre quelques difficultés. Ainsi, au fil des séances, j’ai pu m’affranchir
du pas de base et m’approprier la danse. J’ai appris à affiner mes mouvements.
Aujourd’hui, mes gestes ne sont plus trop amples, les mouvements sont fluides,
sans raideurs. Je m’imprègne de la musique, laissant mes pieds suivre le rythme
et je prends un plaisir différent selon les danses. J’aime les regards subtils
et les frôlements surprises de la bourrée. J’aime intérioriser la mazurka.
J’aime les tourbillons de la valse. J’aime réinventer des figures de scottish.
D’un regard large embrassant toute la salle, j’aime contempler le mouvement
collectif des danseurs. J’aime ressentir ce que veulent faire passer les
musiciens et réagir à leurs mélodies qui vibrent en moi. J’aime la liberté
d’expression que permettent ces danses et qui me conduit dans diverses
improvisations : simple ornement ou manifestation de virtuosité ou d’audace…
Ceci, tout en respectant les bases et l’esprit initial de la danse. J’ai acquis
un style qui m’est personnel. Je m’approprie la musique et je la remets en
forme par la danse. Je suis acteur de Ma danse.
Cette
musique, c’est un tremplin vers le plaisir. Quand vient un morceau que j’écoute
souvent à la maison, la joie de danser est à son paroxysme. J’aime conduire ma
cavalière par des gestes précis, par un toucher sensible. Parfois, j’arrive à
prévoir l'arrangement mélodique suivant et, quand je devine la fin du morceau,
je surprends ma partenaire en la guidant dans une figure finale. J'apprécie de
changer de cavalière, d'être à son écoute pour répondre à une variation de pas.
Je cherche son style et j’essaie d’imiter sa gestuelle « Tiens une débutante
qui sautille…cela me rappelle quelqu’un ! ». Changer, c'est s'enrichir, car
chaque nouveau partenaire nous offre une autre approche de la danse. De deux
monologues qui se font face, on peut passer à un véritable dialogue. Un
dialogue silencieux, un dialogue par les yeux, le sourire et le geste. Alors,
le rapport dans le couple dansant passe de la communication… à la communion.
Quel bonheur ! Je suis heureux d’avoir persévéré.
Hervé S. n co
Extrait Trad Mag
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